On dirait que je suis morte

BEAGIN Jen

Mona a grandi en Californie. Elle a douze ans quand ses parents divorcĂ©s se dĂ©barrassent d’elle en l’envoyant vivre chez une parente dans une petite ville du Massachusetts. À vingt-quatre ans, ayant abandonnĂ© ses Ă©tudes, elle vit seule et gagne sa vie en faisant des mĂ©nages. AppliquĂ©e et perfectionniste dans son travail, elle se nourrit des dĂ©tails de la vie de ses riches employeurs. Le soir elle est bĂ©nĂ©vole pour un programme d’aide aux toxicomanes. Elle s’Ă©prend de l’un d’eux, trĂšs abĂźmĂ© et beaucoup plus ĂągĂ© qu’elle.  Ce premier roman, rĂ©compensĂ© aux États-Unis, appartient au genre en vogue des rĂ©cits d’existences saccagĂ©es par un traumatisme d’enfance. Pour s’en sortir, l’hĂ©roĂŻne fait le mĂ©nage par le vide dans sa vie, au sens propre comme au figurĂ©. La mĂ©taphore permet Ă  l’auteur de la confronter Ă  une galerie de paumĂ©s et d’illuminĂ©s qui nourrissent ses fantasmes et font remonter ses souvenirs. Jen Beagin ne met pas de gants et force allĂšgrement sur la noirceur des situations qui jalonnent l’itinĂ©raire solitaire et douloureux de Mona. Une Ă©criture Ă©nergique et dĂ©complexĂ©e, un ton souvent « trash » et paradoxalement humoristique, des observations originales et pertinentes, quelques trouvailles, mais l’ensemble manque de cohĂ©sion. (T.R. et C.-M.T.)