Elle va, comme on dit, rentrer dans le rang, celui de la vie active, rassurant pour sa mĂšre. Tout est dit. FermĂ©e la parenthĂšse de libertĂ©, le parc oĂč elle flĂąnait sans but, Ă la rencontre de soi. Illusion de libertĂ© puisque les enfants eux-mĂȘmes y sont sous surveillance. Existe-t-il encore un espace oĂč se sentir vivre ?
 Difficile de raconter ce petit roman ! Sarah Roubato tourne le dos Ă la tradition romanesque qui impose une intrigue, des personnages et un dĂ©nouement. Elle choisit un rĂ©cit mosaĂŻque qui enchaĂźne, sans crier gare, lâĂ©vocation de moments insignifiants et pourtant dĂ©cisifs dans la vie de personnages anonymes, sans lien ou presque entre eux, sinon une mĂȘme interrogation sur le sens de leur vie. Lâauteure cible avec acuitĂ© leurs manques, leurs renoncements, leurs sursauts, ceux dâune gĂ©nĂ©ration pour qui lâavĂšnement des « souris » nâest plus signe dâĂ©mancipation. Sans complaisance, sans dĂ©rision, elle dit, avec des mots justes et des formules qui font mouche, ce mal-ĂȘtre contemporain. Lâurgence de tĂ©moigner fait naĂźtre une Ă©criture concise, sans fioritures, une voie nouvelle pour la littĂ©rature. (C.B. et F.E.)