Fin de partie à Bordeaux

Printemps 1944. Le commissaire Lannes, suspendu par les Allemands, recherche par compassion une jeune Bordelaise disparue et redécouvre un milieu peu reluisant. Sa femme lui bat froid, ses fils ont choisi Londres et Vichy, sa fille est éprise d’un perdant. Il a des amis fidèles mais la milice sévit encore et les résistants s’apprêtent à agir. Il craint le pire, personne n’est à l’abri : il est emprisonné, puis libéré. Ni le débarquement de juin ni la Libération de Paris ne garantissent un avenir serein.  Quatrième et dernier volet d’une série, l’ouvrage d’Allan Massie (Hiver froid à Bordeaux, NB septembre 2018) poursuit l’évocation de la France occupée. La liste des nombreux protagonistes est bien utile pour apprécier l’intrigue complexe reflétant l’ambiance délétère à Bordeaux, parfois à Londres, Paris ou Vichy. Les pervers sexuels alternent avec les miliciens cruels ou les résistants revanchards, les êtres ambigus voire spécialistes du retournement de vestes avec quelques honnêtes policiers ou juges courageux. Hors de toute légalité, les trahisons pullulent et des meurtres abjects prolifèrent. Outre des aspects repoussants (pédophilie, prostitution sordide), la multiplicité des personnages déroute mais ce roman d’atmosphère réaliste retient l’attention grâce au personnage central et une bonne documentation. (S.La. et C.-M.M.)