2015, face au Bugey, un fils promène son père, vieillard acariâtre, en chaise roulante. Celui-ci a grandi insouciant à Villeurbanne. En 1959, alors qu’il est maquettiste dans un cabinet d’architecture, il est appelé sous les drapeaux et part en Algérie. Affecté dans un poste perdu en Kabylie, il devient volontaire dans un Commando de Chasse pour agir plutôt que subir… Puis il s’enfuit vers Alger et participe aux actions de l’OAS avant de gagner un des bateaux qui ramènent en métropole une population hagarde. Dans ce récit donnant la parole alternativement au père et au fils à cinquante ans d’intervalle, Alexis Jenni (Dans l’attente de toi, NB novembre 2016) raconte la guerre d’Algérie avec son cortège de violence et d’horreurs, vue par les yeux d’un jeune appelé. L’atmosphère de cette guerre, l’attente d’un ennemi invisible engendrent la peur, l’angoisse, les cauchemars. Les descriptions des veilles dans le djebel sont magnifiques ; celles de la misère des populations, de la haine, des actes de torture dans les deux camps aussi. Récit intense qui malheureusement se délite dans une confuse description des années suivant le retour en métropole. Souvenirs, vengeance et culpabilité s’y mélangent au milieu des grands ensembles immobiliers où se retrouvent les rapatriés, donnant l’impression d’un roman construit artificiellement. (A.M. et J.M.)
Féroces infirmes
JENNI Alexis