Wonho, journaliste, vit à Pyongyang avec Su-ryeon, musicienne. Leur arrestation est soudaine ; la jeune femme peut choisir entre le divorce ou suivre son époux et sa belle-mère. Amoureuse, elle les accompagne. Arrivés au camp de prisonniers politiques, un des chefs du camp reconnaît la jeune femme qu’il a auparavant aimée secrètement. Pendant une dizaine d’années, la lutte pour la survie est leur seul objectif, avec beaucoup de compromis et d’intrigues. Kim Yu-kyeong, romancière nord-coréenne exilée, écrit sous un faux nom pour protéger sa famille restée au Nord. Elle raconte l’humiliation permanente, l’arbitraire des sanctions, la volonté d’empêcher les amitiés, la faim, le froid, le rythme inhumain, parfois mortel, du travail, qui viennent à bout de la dignité des prisonniers. La liaison contrainte entre ce capitaine du camp et sa femme accable le mari jaloux, impuissant mais satisfait de profiter des avantages gagnés. Son évasion le plonge dans le chaos du pays, où la famine jette des réfugiés sur les routes. L’intrigue habilement menée permet de suivre les personnages prêts à tout pour vivre, et finement analysés dans leurs différences. Contexte historique brutal et sentiments très humains sont parfaitement imbriqués. Quelques descriptions poétiques de la nature apportent une respiration bienvenue. (M.-P.R. et A.Le.)
Le camp de l’humiliation
KIM Yu-kyeong