À une époque et dans un lieu indéterminés, un cochon sauvage croque les joues et l’épaule d’un nourrisson qui en meurt. Le village en colère le retrouve vite dans la forêt proche. Tout l’accuse. Les forces de l’ordre l’incarcèrent, le médecin légiste apporte les preuves, l’appareil judiciaire organise son procès et chacun attend impatiemment son supplice. Oscar Coop-Phane (Mâcher la poussière, NB avril 2017) écrit des romans originaux. Ce très petit livre saisit le prétexte d’un temps où l’on jugeait les animaux coupables d’homicides, pour peindre une parodie cocasse de la société. Il brosse le portrait-type de personnages pathétiques incarnant différents rôles dont ils sont prisonniers aux yeux des autres : policier, avocats, bourreau, mais aussi parents du bébé… Le parallèle entre le porc muet, donc manipulable, inspirant répugnance et mépris, coupable mais pas responsable, et bien des assassins au cours de l’histoire, est peaufiné dans un style inventif et coloré, truffé de formules lapidaires et drôles. Et l’affreuse mise à mort est un spectacle dont jouissent des foules parfois plus « bêtes » et cruelles que les condamnés. Une tragi-comédie allégorique déstabilisante, mais fort bien menée. (L.G. et A.Be.)
Le Procès du cochon
COOP-PHANE Oscar