Les Métèques

LACHAUD Denis

La famille Herbet vit paisiblement à Marseille depuis quelques années. À l’occasion d’une convocation à la préfecture de police, les trois enfants découvrent que leur père est d’origine juive et leur mère arabe. Stupeur et grand émoi chez ces jeunes, d’autant que d’autres interrogatoires suivent. Une nuit, toute la famille est massacrée sauf l’aîné, Célestin, vingt ans, un grand gaillard. Il s’enfuit, paniqué, avec l’objectif d’atteindre l’Espagne. Une vie nouvelle commence ?  Denis Lachaud (Ah ! Ça ira…, NB octobre 2015) imagine que la France d’aujourd’hui a lancé depuis quelque temps une chasse aux non Français de souche, à la manière de la police de Vichy et dans un État policier. Malgré un début prometteur, notamment l’évocation par Célestin de l’enfance périlleuse de ses grands-parents paternels, on a du mal à s’attacher à lui : on peut comprendre qu’il soit perturbé mais moins son manque d’énergie et de personnalité. Rien de palpitant dans ses aventures. L’épisode final de boat people, ainsi que le déferlement actuel du racisme, alimenté par une haine assourdissante, laissent penser qu’il n’y a pas loin du cauchemar à la réalité. La dénonciation – juste sur le fond – revêt des formes troublantes, parfois gênantes. (P.B. et A.Le.)