Septembre 1980. Venu de Clermont-Ferrand, David entre en khâgne à Louis-le-Grand. Son but : intégrer Normale Sup à la fin de l’année. Ne connaissant personne, il s’efforce de cacher timidité et inexpérience sous une apparence de marginal indépendant et sûr de lui. Très vite le foyer d’étudiants et les repas en commun lui pèsent. Tout est bon pour échapper à la solitude et se faire des amis qui lui ressemblent : séances de cinéma d’art et d’essai, croque-monsieur-bières en terrasse… Par chance, il dégote un studio sur l’île Saint-Louis. Dépassant cinq cents pages très denses, ce roman d’apprentissage dans le Paris des années quatre-vingt est un défi à la précipitation et au survol. Le héros de Christophe Mercier (La cantatrice, NB juin 2006) renâcle à entrer dans l’âge adulte : il a le temps, croit-il, le temps de longues études, le temps d’aimer. Ce portrait d’un dilettante doué, entre orgueil et naïveté, est extrêmement fouillé et patiemment dévoilé. Sa résistance à la maturité qui frôle la psychose, sa boulimie de cinéma, sont rendus avec une empathie ironique, sans effets dramatiques. Loin de la nostalgie et des stéréotypes, un témoignage rare et vivant sur l’effervescence culturelle du Paris branché des années Mitterrand. (T.R. et C.-M.T.)
Longtemps est arrivé
MERCIER Christophe