Quelqu’un sous les paupières

Bruna et doña Olvido se retrouvent seules à la maison après les décès du mari de doña Olvido, de son beau-frère, de sa belle-mère et de sa fille Candela. Elles se connaissent depuis soixante ans : Bruna est arrivée comme nourrice après la naissance de Candela. Les deux vieilles femmes partagent une surprenante complicité. Ce matin-là, elles décident que le jour est arrivé pour « l’expédition ». Après avoir installé « le paquet » à l’arrière de la voiture, doña Olvido prend le volant : un périple rocambolesque commence…  Une partie du récit se passe dans un huis clos à l’intérieur du véhicule : succession de paroles murmurées, de mots à l’emporte-pièce, de silences douloureux, de gaieté libératrice, le but du voyage restant mystérieux jusqu’à la fin. Les deux héroïnes racontent par bribes une saga familiale murée dans le secret et le mensonge dans une société traditionnelle et sous le régime franquiste. Déjantés, drôles et terrifiants, placides et déterminés, retors et vertueux, les comportements souvent violents et immoraux expriment ce que l’âme tait. Débridé, tourmenté, un roman subversif. Une lecture plutôt réjouissante. (M.-A.B. et M.S.-A.)