Quand la Magissorcière s’ébroue au réveil, rien ne va sur la planète Tourneboule ; à cause de la pollution, le baril d’eau pure et le ballon d’air frais sont hors de prix. Canacoincoin et poissonvols ont les poumons envahis de taches noires de Carboflon. Le Bracadabra, serpent muni d’une main, ramène le coupable, le Tamafumoir, monstre rouge dont il va falloir adoucir la boitapense. Il ne pense qu’à gagner de l’argent. Reprise du texte d’Hélène Kerillis paru il y a 10 ans, parfaitement adapté au sujet. Les dessins au crayon, un poil échevelés, empruntent à Joan Miró deux chamious déjantés qui secondent la Magissorcière. L’action se déroule sur les fonds bruns, puis bleus où s’étalent d’étranges formes aux tentacules noires. Les créations verbales incessantes s’accordent aux liens de l’artiste catalan avec le surréalisme dans une succession de mots valises. La liberté des compositions et les sujets aux contorsions comiques rendent vivant un art qui s’est toujours refusé à l’abstraction. Le sympathique Léo accompagne ensuite le lecteur dans le supplément documentaire : reproductions et notamment Le Carnaval d’Arlequin, où l’on peut repérer les protagonistes. Biographie et repères pour situer le peintre dans son temps. Une belle synergie entre un sujet brûlant et une oeuvre contemporaine. (R.F.)
Le Tamafumoir et la Magissorcière. Un voyage dans les oeuvres de Joan Miró
KÉRILLIS Hélène, DEVOS Xavière