Revenir à Vienne

La famille von Geldern – des banquiers fortunés – a émigré aux États-Unis en 1938. En 1946, Félix et sa grand-mère Viktoria, fraîchement naturalisés, s’apprêtent à revenir à Vienne pour veiller à leurs intérêts financiers. Devant leurs yeux stupéfaits, Vienne est tout autre que dans leurs souvenirs : destructions massives, occupation américaine omniprésente, rationnements draconiens… Félix doit témoigner dans un procès et il découvre que le nazisme n’a pas disparu. Il retrouve son ex-grand amour, la cantatrice Gertrud qu’il croyait morte, et l’épouse aussitôt, mais elle a été la maîtresse de Goebbels…  Après Mélodie de Vienne (HdN octobre 2016), Ernst Lothar poursuit l’histoire de ces riches Autrichiens partagés entre l’ancien et le nouveau monde. Le héros, plutôt exalté et romantique, ne sait plus qui il est tant son attachement à son pays d’origine est puissant. Il pardonne à ceux qui ont pactisé avec l’ennemi et l’antisémitisme encore réel, tout comme il pardonnera à sa mère sa longue liaison avec un nazi. Sa grand-mère est une femme solaire, toujours coquette, aussi sûre d’elle qu’il est hésitant, impulsif et souvent mélancolique. Une belle étude de caractères et une écriture très classique dans ce roman écrit entre 1945 et 1949. (C.-M.M. et M.-C.A.)