Le paquebot sur lequel Rose et ses enfants font une croisière en Méditerranée recueille un groupe de migrants. Prise de pitié pour Younès, jeune rescapé nigérien, Rose lui donne le téléphone portable de son fils. À son retour à Paris, elle reçoit sans arrêt des messages de son protégé, mais n’y répond pas. Ce n’est qu’après être revenue s’installer au pays basque que naît l’idée de le recueillir chez elle. Un jour, Younès appelle de Calais. Marie Darrieussecq (Notre vie dans les forêts, NB octobre 2017) traite de belle façon le thème difficile des migrants à travers les tiraillements d’une femme entre ses obligations de mère, d’épouse, de pédopsychiatre et son envie d’altruisme. Les occupations quotidiennes laissent le plus souvent peu de place aux élans du coeur ou à l’héroïsme. À quoi ou à qui donner la priorité sans se sentir coupable ? Faut-il faire partager son engagement à ses proches ? Un portrait féminin subtil, dans un style vivant qui mêle justesse psychologique, poésie, ironie, et gravité. Loin d’être misérabiliste ou moralisateur, ce roman souligne les difficultés et les satisfactions procurées par l’accueil inconditionnel de l’étranger. Le sujet est traité avec tact et de façon limpide. (L.D. et T.R.)
La Mer à l’envers
DARRIEUSSECQ Marie