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FOUQUÉ Marin

Assis seul sous un abribus, la capuche sur la tête, dans un hameau du sud de la Seine-et-Marne, il ne prend plus l’autobus du matin pour se rendre à l’école. Il regarde la route, les champs, compte les voitures et surtout laisse se dérouler dans sa tête le récit erratique de ses tristes expériences d’enfant harcelé, moqué parce que trop « mignon » et forcément lâche. Il ressasse l’éclatement du trio qu’il formait avec Enzo et la fille Novembre et la rencontre avec Kevin qui l’initie à la drogue.  Dans ce premier récit qui s’apparente à un roman d’apprentissage, Marin Fouqué évoque les ruminations d’un adolescent livré à lui-même, dans un long monologue intérieur, ponctué par le repérage de voitures dont les couleurs sont interprétées comme des signes de réussite ou d’échec possible. Le désoeuvrement du narrateur qui apprend, comme il peut, la vie sans le soutien d’un père totalement dépassé, s’inscrit dans un espace de boue et de bitume, menacé par l’extension de Paris. Un lieu de non-vie hanté par quelques figures plus inquiétantes et déprimantes que porteuses d’espoir. Un récit prenant qui dépeint avec justesse la dérive de toute une jeunesse sans perspectives.(A.K. et A.-M.D.)