AprĂšs treize heures d’avion, huit heures de voiture, que vient chercher ce quadragĂ©naire français, dĂ©racinĂ©, errant Ă pied dans une petite ville de l’Alabama qui fĂȘte le centenaire de sa fondation ? Il semble irrĂ©sistiblement attirĂ© par le pĂ©nitencier et son couloir de la mort ; il s’attache Ă une jeune fille d’origine mexicaine, paumĂ©e, droguĂ©e, prostituĂ©e ; il cherche la bagarre avec les types qui la serrent de trop prĂšs.   Ce court roman noir frappe par son atmosphĂšre hors-sol et dĂ©paysante. Alexandre Civico (La peau, l’Ă©corce, HdN fĂ©vrier 2017) montre une « AmĂ©rique dĂ©gueulant dâAmĂ©rique » avec les machines Ă sous du casino, le camp de mobile homes, la foire aux armes ouverte aux enfants. La tension est efficacement installĂ©e : les souvenirs lancinants du drame indicible vĂ©cu par le hĂ©ros, sa quĂȘte de la douleur physique, son besoin de s’approcher de la mort. La construction alternĂ©e rigoureuse, doublement chronologique (la journĂ©e de festivitĂ©s, d’une part, le quotidien du hĂ©ros depuis son arrivĂ©e, de l’autre), mĂšne inĂ©luctablement vers un final coup de poing que ne pourront empĂȘcher les trois femmes qui ont devinĂ© la dĂ©tresse du Français. Un pessimisme assumĂ© qui laisse peu de place Ă la consolation. (T.R. et L.D.)
Atmore Alabama
CIVICO Alexandre