Pamina et Nils se sont retranchés dans la montagne vosgienne, aux « Hautes Huttes », ferme nichée entre friches et forêts. Lorsqu’un jeune photographe animalier demande l’autorisation d’installer une cabane d’affût sur leurs terres et invite la propriétaire des lieux à partager l’observation d’une harde de cerfs, cette dernière saisit l’occasion de se rapprocher des visiteurs nocturnes qui passent près de la maison. S’infiltrer pour contempler la vie intime et mystérieuse des grands mâles qu’elle voit disparaître l’un après l’autre entraîne la narratrice, double de Claudie Hunzinger (L’incandescente, NB octobre 2016), vers une quête obsessionnelle et dangereuse qui la fait passer du « côté des bêtes sauvages ». Dans des pages parfois glaçantes, la joie de l’émerveillement côtoie le chagrin de la perte. Cette femme passionnée est touchée en plein coeur par tout ce gâchis ; elle est écoeurée par l’absurdité des quotas, les affrontements d’intérêts contradictoires, les complicités, les compromis. Son témoignage déborde largement le périmètre local pour dénoncer la situation vertigineuse dans laquelle le monde « ensauvagé », emporté dans un processus d’appauvrissement des espèces, est menacé de disparition. De nombreuses références culturelles enrichissent ce requiem poétique à la beauté tragique et d’une grande puissance narrative. (R.C.G., T.R. et S.L.)
Les grands cerfs
HUNZINGER Claudie