Novembre 1942. Les Américains débarquent en Afrique du Nord. L’amiral Darlan, second de Pétain, ordonne aux militaires français de résister, puis compose avec les Américains, tout en gardant l’objectif voulu, à ses yeux, par Vichy de « reprendre la lutte dès que possible ». Ce double jeu trouble profondément en Algérie. Éliminer Darlan… on le murmure en coulisses. Fernand Bonnier de la Chapelle, issu d’une famille bourgeoise et militaire, éclatée entre la France, l’Algérie et l’Italie, devient à vingt ans l’instrument d’une manipulation qui le dépasse et endossera seul l’exécution. Dense, instructive, la biographie de l’assassin par cette spécialiste de la Seconde Guerre mondiale a le mérite de restituer avec minutie le « bal de dupes » dont l’Algérie de 1942 est l’enjeu, entre l’armée, Vichy, les gaullistes, les royalistes, les Américains, les Anglais, les Juifs, les Espagnols, les Indépendantistes, les musulmans… Dans cette confusion équivoque rigoureusement étayée par l’auteure, la marche vers sa fin tragique du jeune homme, provocant et bouillant justicier aveuglé puis abandonné, emporte l’empathie. (D.M.-D. et C.R.P.)
Une juvénile fureur : Bonnier de la Chapelle, l’assassin de l’amiral Darlan
VERGEZ-CHAIGNON Bénédicte