Le Terroriste joyeux

Un passager venant d’Afrique s’est fait prendre à la sortie de l’avion avec une bombe dans sa valise. Mis en prison, il est face à un policier pour des interrogatoires réguliers, entrecoupés de tortures. Pourtant, il a admis les faits, il est honnête. En plus il n’avait pas l’intention de faire exploser la bombe. C’est la faute des douaniers, aussi, pourquoi ne proposent-ils pas un formulaire demandant si l’on a des intentions terroristes ? Il l’aurait rempli.  Loin de se laisser abattre, ce prisonnier ergote et discute ; avec « son art exaspérant de la conversation », il fait tourner son interlocuteur en bourrique, qui de bourreau en devient victime et compagnon de cellule… Le roman est entièrement composé de dialogues entre le policier et le terroriste, des dialogues inattendus et paradoxaux aux méandres raisonneurs et absurdes. Cette fable politique intrigante de l’iconoclaste Rui Zink (L’installation de la peur, NB décembre 2016) réhumanise la figure du terroriste et dénonce la violence et la paranoïa de nos sociétés en postulant qu’on peut rire de tout. Rire ou ricaner ? Elle est suivie d’une nouvelle s’inquiétant ironiquement du virus de l’écriture qui menace la survie de l’humanité. (M.D. et C.B.)