Mélatonine

FIORETTO Pascal

Marcel Klouellebecq, phénomène éditorial couvert d’honneurs et de royalties, file un mauvais coton : si son moral est au beau fixe (tout va bien côté libido), impossible de retrouver la veine crépusculaire qui lui a permis de construire une oeuvre emblématique du désarroi de l’homme occidental. Souffrant d’insomnie sévère, il se fait prescrire de la mélatonine et part s’isoler dans un patelin sinistré de la « Diagonale du vide ». Rien n’y fait : le bonheur le guette en la personne d’une charmante shampouineuse, et dormir comme un bébé inhibe son inspiration.  Dans ce pastiche de Pascal Fioretto (Et si c’était niais ? NB décembre 2007) on reconnaît sans peine la trame du dernier Houellebecq ! Passée une mise en place un peu lourde émaillée de noms d’éditeurs déformés, blagounettes, contrepieds et piques tous azimuts, on s’amuse à débusquer la parodie des tics d’écriture du pastiché : narration à la première personne et au passé simple, hyperréalisme, éloge du sexe, plagiat d’annonces immobilières, descriptions détaillées des rayons d’un supermarché, etc. Le scénario fait le job, surtout quand l’auteur se démarque du modèle, comme lors de l’exclusion de Marcel d’un atelier d’écriture pour « niveau insuffisant ». Un peu longuet mais gentiment persifleur. (T.R. et .C.-M.T.)