Pour le plaisir et pour le pire : la vie tumultueuse d’Anna Gould et Boni de Castellane

À New York, en 1895, Boni de Castellane et Anna Gould unissent en grandes pompes leurs destins. Le séduisant jeune marié est le descendant d’une famille d’aristocrates français désargentés ; la mariée, la richissime héritière d’un magnat américain sans scrupules. Un couple mal assorti, le raffinement du jeune dandy formant un contraste saisissant avec l’inculture d’une jeune fille disgracieuse et acariâtre. Boni dépense sans compter l’argent de sa femme jusqu’à ce qu’Anna exige le divorce.   Laure Hillerin fait revivre la Belle Époque, dans cette biographie très documentée au style enlevé qui se lit comme un roman. Elle s’évertue à réhabiliter un personnage proustien par excellence, dont elle trace un portrait chatoyant. Celui que l’opinion a jugé raffiné mais frivole révèle paradoxalement dans ses mémoires du courage dans l’adversité, un idéalisme et des visions perspicaces. Il a prévu les conséquences désastreuses d’une paix mal préparée après la Grande Guerre et proclamé un fort attachement à une Europe en péril. Pendant et après leur ahurissant divorce hyper-médiatisé, l’épouse est présentée comme calculatrice, arrogante, bornée, responsable de la disparition des réalisations d’un esthète, mais victime de son éducation… Un récit captivant.  (A.K. et L.G.)