De 1897 aux années quarante, de Nijni Novgorod, où il naît d’une famille de noblesse provinciale d’origine allemande, à Moscou, Anatoli Mariengof, pape de « l’imaginisme », égrène poétiquement la chaîne des amis et des amours qui ont éclairé sa vie. Autour des « phares », son père, son ami de coeur le poète Essénine (suicidé en 1925), son épouse l’actrice Nioucha, et son fils Kirka (suicidé à seize ans), croisent Meyerhold, Stanislavski, Pitoëff, Maiakovski, Cherchenenevitch, Katchalov, Isadora Duncan… Porté par une sensibilité toute russe – nostalgie, tendresse, férocité, ironie, autodérision, drôlerie, cocasserie – le livre se lit avec plaisir, mais la période moscovite des années vingt requiert une attention soutenue : mode narratif en tiroir, profusion des personnages et variété de leurs appellations. Récit de « dilection », l’ouvrage trouve par ailleurs sa limite dans le peu de place laissé aux bouleversements historiques de l’époque. Des Mémoires attachants, une escapade littéraire qui donne envie de mieux connaître la poésie russe. (D.M.-D. et C.R.P.)
Mon siècle, ma jeunesse : roman avec amis
MARIENGOF Anatoli