Trois mois de vie en plus chaque année… Ce qui était progrès tourne au scénario catastrophe. Que faire ? Quelle politique sociale de la vieillesse imaginer ? Qui paiera ? Quelle part de sacrifices accepterons-nous ? Tels sont les thèmes du rapport ministériel confié à Régis Debray après celui sur la laïcité. Tout à la fois livre d’humeur, pamphlet à l’humour vachard et compte-rendu administratif, ce texte, au titre ironiquement lénifiant, est un véritable coup de pied dans la fourmilière, ce « despotisme douceâtre des bons sentiments. » Le jeunisme à outrance, pierre angulaire de l’économie, n’a que faire des lenteurs de l’âge. Outre l’euthanasie, valeur en hausse, la meilleure solution ne serait-elle pas de parquer au vert tous ces vieux qui « plombent » la société ? Ainsi cacherait-on la décrépitude et la mort, incompatibles avec les technologies qui, pourtant, prolongent la vie.
Sous le choc des paradoxes et avec le souvenir de la canicule, on ne peut que réfléchir, après la lecture de ce rapport, « aux moyens de prévenir les naufrages qui nous guettent. »