Se disant lui-même « intermittent de la société du spectacle », Jacques A. Bertrand a côtoyé toutes sortes de gens dans les festivités officielles. Il avoue que peu nombreuses sont les personnes qu’il souhaite vraiment rencontrer : quelques fantômes « intègres et souriants » généralement ignorés des médias ; de rares êtres irradiant la lumière d’une mystérieuse foi. Il brocarde les jargons à la mode, surtout « l’épuisante préoccupation de se montrer » des célébrités politiques, littéraires, du show-business, leur muflerie, leurs mesquines vengeances quand leur amour-propre est blessé. Observateur distancié mais perspicace, l’auteur prend plaisir à décocher quelques piques ironiques, élégamment tournées, aux plus renommés : Jack Lang avec « sa minicour de petits marquis » voletant autour de lui ; Jean d’Ormesson « faisant la cour à deux jeunes femmes sous le charme »…
Hormis quelques chroniques trop insignifiantes pour retenir l’attention, certains textes laissent deviner une réelle tendresse, généralement voilée de pudeur ; d’autres content avec humour et talent des anecdotes inattendues. Bref ce petit livre charme un moment en préférant la légèreté à la réflexion comme le suggéraient déjà les ouvrages récents de Jacques A. Bertrand (Derniers camps de base avant les sommets, NB juillet 2002).