Un nouvel écrit de Erri De Luca est toujours un événement pour ses lecteurs attentifs. Ici, il s’agit, dans de courts chapitres, d’Essais de réponses à des questions non posées : « Elles représentent la dernière forme de courtoisie laissée aux rapports humains : demander pour connaître quelqu’un. » Écrivant à la première personne, il se dévoile dans ses révoltes, ses engagements, sa solidarité. Ayant été ouvrier, il évoque l’intelligence des mains, dures dans l’action, fraternelles nouées à d’autres ; l’entente de son corps avec la nature dans la pratique de l’alpinisme. Son rapport intense aux livres vient de son enfance : il a vécu, dormi au milieu de la bibliothèque de son père. À la parole, difficile, il préfère « l’infinie patience d’une feuille de papier. » Et toujours l’interrogation sur la foi : « une aile d’éolienne qui n’a besoin que du vent » mais ne l’a pas touché… Pourtant, il appartient au Livre, qu’il lit en hébreu et qui ponctue tous ses matins.
Après Le contraire de un (NB janvier 2004), cet essai permet d’approfondir la pensée d’un écrivain (né à Naples en 1950) à l’écriture ciselée et au talent d’une totale authenticité.