Tout jeune, Vladimir Guiliarovski fuit le foyer parental, pĂ©rĂ©grine pendant dix ans Ă travers la Russie, exerce des mĂ©tiers hĂ©tĂ©roclites. Vers 1880, il s’ancre Ă Moscou, devient un journaliste autodidacte en transmettant ce qu’il a lui-mĂȘme connu. L’idĂ©e d’un ouvrage sur le Moscou d’avant 1917 germe en lui dans les annĂ©es vingt : on dĂ©truit les vestiges d’un passĂ© rĂ©volu pour faire de Moscou une capitale soviĂ©tique. Il ressuscite quelques lieux caractĂ©ristiques, leurs savoureux parlers populaires : le repaire de la pĂšgre, les halles dĂ©gageant une insoutenable puanteur. Il suffira de quelques semaines au soviet de Moscou pour liquider ces incurables ulcĂšres de l’ancien rĂ©gime.
« Roi des reporters » d’aprĂšs TchĂ©khov, plus que chroniqueur Vladimir Guiliarovski est un tĂ©moin exceptionnel de son Ă©poque, frĂ©quentant tous les milieux, des plus raffinĂ©s aux bas-fonds des forçats, aux taudis des dĂ©shĂ©ritĂ©s. Ses descriptions minutieuses Ă©vitent l’ennui grĂące Ă sa puissance d’Ă©vocation faisant appel Ă tous les sens. Il relate des anecdotes gĂ©nĂ©ralement burlesques avec verve et humour. On sent son coeur brisĂ© Ă toute allusion aux enfants ignominieusement exploitĂ©s.