Frédéric le Grand.

BLED Jean-Paul

Le qualificatif de « Grand » attribué à Frédéric II se justifie par son oeuvre mais sur des bases à nuancer : telle est la thèse de cette biographie d’un expert du XVIIIe siècle (cf. Marie-Thérèse d’Autriche, NB novembre 2001). Après avoir exposé ses origines modestes, les Hohenzollern, margraves de Brandebourg, héritiers de la Prusse et explicité le rôle de ses ascendants immédiats, un Grand Electeur, un roi « en » Prusse, un roi « de » Prusse, l’auteur souligne le faible peuplement de son État, sans continuité territoriale, dominé par l’Autriche.

 

D’abord révolté contre son père, « le Roi-Sergent », Frédéric II se révéla un grand stratège mais connut de graves revers ou des victoires coûteuses. Despote éclairé, il accommoda les principes philosophiques des « Lumières » aux nécessités pratiques : annexions, servage, centralisation despotique, politique extérieure oscillante, attrait variable de Voltaire. Si ce monarque, artiste instruit, passionné de son métier, mit son royaume au rang des grandes puissances et servit de référence à de lointains successeurs (Guillaume II, Hitler), il convient d’atténuer les hyperboles. Ouvrage documenté, minutieux, instructif, qui se lit agréablement.