« … s’élève la balançoire…
plus haut que l’exclusion »
Johan revient chez lui, un coffre sur son dos. Son fils, Einar, le narrateur, espère qu’il va leur raconter, à sa soeur et à lui-même, son histoire : a-t-il vraiment été marin ? C’est un père à double face : merveilleux quand il construit une balançoire et enchante la vie, terrible et violent quand il a bu. Ce sont les grands-parents, qui habitent au premier étage de leur masure, qui ont appelé la protection de l’enfance et provoqué le placement d’Einar dans une famille d’accueil. Cela ne dure que six mois et, quand il revient, Johan a trouvé du travail au port. C’est une parenthèse heureuse, sa mère a le temps de lire beaucoup, parle moins à Celui qui n’existe pas. Einar se fait un copain à l’école et se bagarre avec un autre. Cela ne dure pas.
Ce récit d’une enfance difficile, au sein d’une famille où l’amour enjolive le moindre rayon de soleil, se lit avec émotion. L’oeil perspicace de cet enfant apporte une normalité à l’exclusion due à la pauvreté, aux bagarres dans la cour de l’école, aux repentirs incessants du père. Il y a en contrepoint l’amitié, la complicité avec sa soeur, l’imagination « qui aide à aller loin » et la force magique des mots. Un beau livre.
M.D.A. et C.V.