Pour cette jeune femme prénommée Aubaine, CDD et périodes de chômage alternent au gré des intérims que lui propose l’Agence Kelly, les jours sans joie se succèdent sur fond de précarité et de vide affectif. Elle s’évade dans l’imaginaire en confiant à son magnétophone le scénario d’un film sur le thème « sans l’amour je ne suis rien ». Jusqu’au jour où le rêve s’incarne en la personne d’Igor, conducteur d’une rame de métro. Une brève liaison sera sans lendemain, Igor est marié avec une splendide Noire et ne songe pas à la quitter. Avec Aubaine, on voit défiler tout un monde : le métro, les grands hôtels, les clients du Monoprix et même les poubelles…
L’héroïne du précédent livre d’Annick Geille, Le diable au coeur (NB avril 2002) était, elle aussi, victime de cette forme très contemporaine du malheur : chômage, manque d’amour et solitude dans l’anonymat des grandes villes… Le style de l’auteure, recherché, parfois même sibyllin, semble décalé par rapport à un contexte très désolant. Pourtant elle sait trouver les mots pour décrire l’univers cruel du travail temporaire et des amours passagères.