Après quatre jours seulement d’absence, Aguilar retrouve sa femme en état de démence dans un hôtel de Bogota. Son dévouement de bon Samaritain pour la sortir de ce mystérieux délire la mécontente, l’importune. Quels événements peuvent-ils expliquer la fuite soudaine d’Agustina dans la folie ? C’est en remontant dans le passé de sa femme qu’Aguilar découvre les traumatismes de son enfance : un père qui martyrisait son plus jeune fils, une mère lointaine niant la réalité, de troubles secrets qui, révélés, ont provoqué l’éclatement de la famille. Tout cela sur fond de richesse acquise dans des trafics douteux.
Dans une langue colorée et suggestive, Laura Restrepo peint avec une ironie grinçante la société colombienne : violence impunie des paramilitaires, mafia mettant à genoux l’oligarchie gouvernementale, compromissions en tous genres. On peut trouver artificiel le choix d’un style volontairement compliqué : phrases interminables, ponctuation fantaisiste, changement de temps et de personne au coeur d’une même phrase, comme pour dérouter à plaisir le lecteur. Mais on ne peut nier l’habileté de la construction et la puissance évocatrice de ce style, qui donnent à ce roman sa forte personnalité et beaucoup d’originalité.