Mémoire de mes putains tristes.

GARCÍA MÁRQUEZ Gabriel

Journaliste célibataire, érudit désuet, client assidu des prostituées, le narrateur, l’année de ses quatre-vingt-dix ans, décide pour la première fois de s’offrir une jeune vierge. « La morale est aussi affaire de temps », comme dit l’entremetteuse… Une petite pauvresse, endormie pour la circonstance, lui est donc livrée dans son sommeil. Et miracle, il connaît enfin l’amour, la contemplant nuit après nuit sans la réveiller ni aller au-delà de ce voyeurisme platonique. De malheureuses circonstances amènent un heureux dénouement, l’exaltante promesse d’une vie d’amour partagé et d’une agonie de plaisir (jusqu’à ses dernières années).  Comme le suggère le titre, García Márquez n’a-t-il pas célébré ici ses expériences amoureuses ? Les réflexions du héros sur le vieillissement s’inspirent visiblement des soixante-dix-huit ans de l’auteur, ironique et subtil à son accoutumée. Reprenant façon latino-américaine un thème traité par Kawabata et Tanizaki, il crée une atmosphère inimitable, à la fois réaliste et poétique, assombrie d’une mélancolique solitude et réchauffée de cocasserie et de chaleur humaine.