Il le pressentait doué pour l’écriture ; alors le patron du « Crédit a Voyagé » a donné à Verre Cassé un cahier pour qu’il écrive la vie du bar, la sienne et celle des gens et puis aussi parce que maintenant les gens n’ont plus de mémoire. Depuis qu’il a été viré de l’enseignement et du domicile conjugal, il y a vingt ans au moins, Verre Cassé, pilier de ce bar crasseux du Congo, se prend au jeu de l’écriture. D’un seul trait avec juste ce qu’il faut de virgules et de guillemets, sans point, sans majuscule en début de chapitre comme pour reprendre son souffle, il griffonne, que ce soit au présent ou au passé, les confidences des éclopés de la vie comme Pampers et l’Imprimeur, les aventures et les exploits de Robinette. Tout en jouant avec les mots, les siens ou ceux des autres, qu’il manie avec humour et intelligence, il dresse le portrait vivant d’une Afrique d’aujourd’hui où se mêlent réalisme et poésie. Palabre crue, chaleureuse et drôle, à lire sans modération. L’auteur reprend le stratagème du cahier, déjà utilisé dans Les petits-fils nègres de Vercingétorix (NB mars 2002).
Verre Cassé.
MABANCKOU Alain