Le sentiment d’imposture.

CANNONE Belinda

Quelle est cette impression, alors que la réussite est acquise, de ne pas occuper la bonne case, de ne pas être à la hauteur de la tâche, de ne pas avoir sa place dans le monde ? C’est Le sentiment d’imposture, une affaire très intime. Rien à voir avec l’imposture de celui qui se fait passer pour quelqu’un qu’il n’est pas. Ce sentiment-là est indépendant de la valeur. Il atteint aussi bien le sportif de haut niveau (Marie-José Pérec) que l’écrivain couronné par un prix qu’il doute de mériter (Jean Carrière). Les exemples d’imposteurs abondent dans la littérature, Romain Gary travesti en Émile Ajar est le plus célèbre d’entre eux. Il existe aussi des impostures sociales, d’autres politiques, chacune prend ses racines dans l’enfance, période où se construit le petit moi.

 Belinda Cannone, essayiste et romancière, écrit avec plus ou moins de clarté. Elle a choisi de fragmenter sa démonstration bien documentée en trente-six petits chapitres, ce qui la rend légère et agréable à lire. Il y a des trouvailles, des éclaircissements, un ton personnel. C’est original et séduisant.