Fin d’une sĂ©rie fustigeant le dessein d’une puissante « Fraternité » : vouloir imposer le bonheur Ă tous. Disposant d’appui au plus haut sommet du pouvoir, elle n’hĂ©site pas sur les moyens : liquidation des mouvements contestataires ou d’ĂȘtres prĂ©sumĂ©s dangereux, formatage des individus dans des camps de vacances paradisiaques. Ă celui de Bonheur Park, Jason et AlinĂ©a sont ainsi droguĂ©s et dĂ©mĂ©morisĂ©s peu Ă peu par un apĂ©ritif trĂšs spĂ©cial. Mais les violences d’un opposant clandestin les arrachent Ă leur bĂ©atitude.
Cette illustration des excĂšs des rĂ©gimes totalitaires n’est pas sans rappeler Wells ou Bradbury et critique plaisamment certaines valeurs actuelles : le bonheur Ă tout prix, l’efficacitĂ©, la consommation comme but ultime etc. La finesse du trait et la douceur des couleurs moquent efficacement ce nouveau monde sucrĂ© et dĂ©personnalisant. Le dessinateur Bignon est mort avant d’avoir terminĂ© l’album, le plus explicite et le plus efficace de la sĂ©rie. Les huit derniĂšres planches et la couverture sont donc rĂ©alisĂ©es par six dessinateurs de ses amis.