Un vrai, grand (quatre-vingt-seize pages), bonheur que cette incursion dans le monde de l’absurde ! L’année 1918 commence à peine. La Mort, consciente de l’absurdité des vies perdues dans les tranchées, décide, en février, que le soldat Simon Virjusse serait le dernier homme tué pendant la guerre. Il n’y aura donc plus aucune victime entre cette date et le 11 novembre, jour de sa disparition. Simon devient le sauveur de la société, d’abord acclamé, puis de plus en plus rejeté au fur et à mesure que sa fin approche : il devient gênant ce sauveur au sacrifice annoncé !!!
Le lecteur est embarqué dans une expédition à travers la folie ordinaire d’un monde tragi-comique où les petites mesquineries du quotidien finissent par prendre le pas sur les pires horreurs de la guerre et ses “gueules cassées”. L’histoire pourrait être grinçante et tragique ; elle se transforme en bouffonnerie grâce au talent d’un scénario explorant le non-sens des événements ; grâce également aux illustrations d’un réalisme baroque, évoquant parfaitement ce début de siècle. Pochade dense et drôle à ne pas manquer.