Poursuivant depuis seize ans un travail d’une importance capitale, dit-il, sur la physiognomonie, le « héros », par l’effet d’un hasard, rencontre quatre individus habitués de la Cantine Publique de Vienne qui constitueront l’élément majeur, suppose-t-on, de son étude. Il les qualifie de « mange-pas-cher » et partage désormais leurs repas. C’est ce qu’il confie au narrateur, ancien camarade de classe. Parfaitement antipathique, méprisant, égocentrique, il profite de son infirmité – l’amputation d’une jambe à la suite d’une morsure de chien – pour opposer la prétendue supériorité de son esprit à « l’hébétude des gens bien portants. » Qu’en sera-t-il de la publication de son ouvrage ? Peu importe. Thomas Bernhard, dont la réputation n’est plus à faire, se montre encore une fois caustique, mordant, d’une ironie froide, d’un humour noir. Quant à l’écriture, elle semble faite de volutes de mots et de phrases qui se forment et se déforment indéfiniment, emportant le lecteur étourdi (et ravi ?).
Les mange-pas-cher.
BERNHARD Thomas