L’historien Marc Ferro donne une lecture originale des convulsions qui ont marqué le XXe siècle : il s’attache, à partir de cas concrets, à décrire le sort des individus victimes ou acteurs de crises qui les dépassent. Rappelant ce que furent la Révolution de 1917, la montée du nazisme, la sombre période de l’Occupation ; montrant les incompréhensions et les erreurs préludes à la guerre d’Algérie ; évoquant les mutations récentes de l’économie mondiale, il met en scène des hommes qui s’y trouvèrent mêlés, explique ce que furent leurs souffrances, leurs dilemmes, parfois leurs crimes. Ces personnages, des inconnus pour la plupart, mal informés, souvent manipulés, aveuglés par leurs préjugés, leurs passions, ne purent que rarement infléchir le cours des événements.
Sans apporter d’informations nouvelles sur ces pages d’Histoire, l’auteur leur donne un éclairage très humain. Une amère philosophie se dégage de cet ouvrage intéressant bien que touffu. Peut-on espérer que le rappel de ces drames soit un enseignement pour l’avenir ? Du même auteur et également pessimiste, Les sociétés malades du progrès (NB mai 1998).