Parmi les nombreux textes d’Hannah Arendt consacrés au totalitarisme, Eichmann à Jérusalem (1963) constitue sa contribution au procès du criminel nazi. Elle y fait le constat qu’un homme normal, ordinaire, peut perpétrer le pire sans jamais réfléchir à ce qu’il fait : l’utilisation du concept de “banalité du mal” déclenche une vive polémique. Examinant notre aptitude à distinguer le bon du mauvais, elle voit qu’à côté du mal radical du totalitarisme coexiste un mal encore plus pernicieux dont le champ est illimité, quand les actes ne suscitent aucun remords, sont oubliés aussitôt que commis. Vu l’inadéquation des “vérités traditionnelles” dans les moments de crise, elle incite chacun à penser par lui-même. Ce qui débouche pour la philosophe américaine sur une réflexion plus large sur la nature du mal, les processus du choix moral, la responsabilité personnelle et collective, la condition de l’homme moderne, les grandes questions de philosophie morale… Regroupés en deux grands thèmes, « Responsabilité » et « Jugement », sont réunis dans ce recueil discours, essais et conférences, écrits ou prononcés entre 1959 et 1975. Les investigations de la pensée d’Hannah Arendt, certes très intéressantes, mais complexes et subtiles, peuvent sembler ardues.
Responsabilité et jugement.
ARENDT Hannah