La Bête, c’est l’homme de radio ; ses émissions quotidiennes sont suivies avec vénération par des millions d’auditeurs et pourtant ce personnage adulé est mortifié par sa propre laideur. Il la cache le plus possible et ira la réfugier au fond de la campagne hors de tout contact humain après avoir abandonné son job. La Belle, c’est cette jeune femme dynamique, à la raison chancelante, partie dans un « Road Movie » sans fin, sans savoir après quoi elle court, en compagnie d’un double imaginaire dont on apprendra qu’il s’agit de sa soeur jumelle disparue.
Malès offre au célèbre conte les décors de l’Amérique des années trente et deux personnages attachants qui, lorsqu’ils se rencontrent, sauront comprendre leurs souffrances mutuelles et s’aider à les dépasser avec sensibilité et délicatesse. Les dessins pleins d’élégance à l’encre de chine, aux traits souvent appuyés, savent décrire l’aspect physique des personnages, savent aussi par leur fluidité et le relief qu’ils apportent, faire percevoir la justesse et la pudeur des sentiments évoqués ainsi que la fragilité des deux personnes. Une évocation poignante dans un beau roman graphique.