Le narrateur retrouve les lettres que son pĂšre, du temps de sa jeunesse, avait reçues dâun Ă©crivain de lâentre-deux-guerres, Vincent Lange. Mort cinquante ans plus tĂŽt, maintenant oubliĂ©, lâĂ©crivain, antifasciste ardent Ă lâorigine, se compromit inexplicablement sous lâOccupation. IntriguĂ©, le narrateur sâattache Ă reconstituer la vie secrĂšte de Lange, en retrouvant ses proches. Comment son pĂšre si probe avait-il pu ĂȘtre liĂ© Ă cet homme au patronyme si mal appropriĂ©Â ? DerriĂšre lâange se cachait la bĂȘte.
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Le mĂ©tier de Pierre-Jean Remy est tel et son Ă©vocation du milieu intellectuel des annĂ©es trente et quarante tellement astucieuse et Ă©rudite (rappelant Demi-siĂšcle, N.B. mai 2000) quâon ne saurait douter un instant que lâĂ©crivain Lange a bien existĂ©. TrĂšs bien construit, Ă©crit dâune plume Ă©lĂ©gante et prĂ©cise, le roman souffre de lâabsence dâĂ©motion du narrateur devant les liens qui unissaient les deux amis. FascinĂ© par le brio apportĂ© Ă la confection de cette biographie fictive, le lecteur peut rester insensible Ă sa tragĂ©die.