Philippe Vilain prend, dans cet essai, la défense de l’autofiction (anciennement autobiographie). Depuis toujours diversement jugée (Montaigne, Rousseau), elle est méprisée à notre époque pourtant outrancièrement individualiste qui lui reproche… son narcissisme. Philippe Vilain souligne la différence entre Narcisse amoureux de son apparence et l’autobiographe creusant plus profond. Cet approfondissement débouche rarement sur l’autosatisfaction totale et aboutit parfois à une enrichissante ouverture vers autrui. Pour Hervé Guibert qui, tout proche de la mort, décrit ses souffrances, est-ce narcissisme ou admirable acte de partage ? La comparaison de deux récits autobiographiques sur le même sujet, la liaison entre Philippe Vilain et Annie Ernaux, éclaire l’art subtil de mentir sans écrire un seul mensonge (seulement des vérités partielles).
Une étonnante évocation des autobiographies sous divers pseudonymes de Pessoa et un passionnant entretien avec Serge Doubrovsky, inventeur du terme autofiction, concluent cette analyse fouillée et convaincante. Écriture élégante et précise de l’auteur de plusieurs romans admirés dont L’été à Dresde (NB décembre 2003).