Placé sous le signe des tribulations diplomatiques, ce récit à deux voix, évoquant les joies et les épreuves d’un couple, commence par la mort de Pauline, le deuil de Thomas étant d’autant plus douloureux que Lucia, leur fille adoptive, le fuit. Destinataire des journaux alternés, Lucia souffre d’une instabilité maladive. Pauline, qui fut veuve très jeune, devint infirmière, puis se retrouva à Ravensbrück dont elle décrira ultérieurement l’affreuse condition. C’est à Varsovie que, récemment libérée, elle rencontre Thomas, jeune diplomate basé à Moscou. Ce coup de foudre partagé les oblige à surmonter force obstacles familiaux et religieux. Ils représentent la France dans divers pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie, ce qui permet à Thomas de commenter les régimes et mentalités ainsi que l’actualité politique. Il raconte aussi son couple uni et cependant indépendant (des écarts sont avoués). On est ému par les souffrances physiques, les tourments moraux, les difficultés parentales et la solitude finale. Outre les considérations géopolitiques intéressantes, ce texte plein d’humanité révèle, malgré l’abus d’aphorismes un peu redondants, l’acuité d’un regard et des qualités d’introspection.
Nous ne faisons que passer.
HURÉ Francis