Après son Petit traité de désinvolture (N.B. mars 2003) Denis Grozdanovitch poursuit son chemin de marginal discret et perspicace, son carnet à la main. Notant impulsivement, il décrit, commente, approfondit, cite ses nombreuses lectures, évoque des souvenirs, parle de ses rencontres – des amis cosmopolites ou une belle Juive amante de passage. Une longue séquence concerne nos morts, leur présence-absence, leur souvenir, leur place dans nos vies et notre culture. Une autre, également longue, raconte un séjour aux États-Unis où son parcours original (intellectuel champion de tennis) lui ouvre des portes inattendues ; là, ses visites aux musées amènent descriptions attentives et considérations esthétiques.
Denis Grozdanovitch, rêveur et nageur à contre-courant, tente de retenir au filet des mots le flot d’une vie presque ordinaire, irisé par la sensibilité, l’intelligence et un humour mélancolique. On accompagne très volontiers l’auteur dans son entreprise de sauvegarde, ralentie toutefois par des notes abondantes, en impression minuscule. Mais comment pourrait-il sacrifier la moindre ligne de son précieux carnet ?