L’Ă©motion affleure en contemplant le petit visage, noyĂ© dans un dĂ©cor brumeux, de Julie « capable de rien » comme le chantent les enfants de lâĂ©cole. ObsĂ©dĂ©e par ce refrain, la fillette ne peut que renverser le pot de peinture, gribouiller un pauvre dessin. Et quand on nâa plus de Maman, le seul refuge possible, en cette veille de NoĂ«l, est sa tombe muette. Alors, de la nuit, surgissent les chats du cimetiĂšre. Avec tendresse, ils raniment lâenfant, et dans un dialogue oĂč lâessentiel est dit, ils lui redonnent foi en lâamour de sa mĂšre, et confiance en sa propre affection pour elle : « mĂȘme si tu lâavais aimĂ©e autrement, elle serait morte. »
Le texte, si intuitif de ces sentiments de dĂ©tresse et de culpabilitĂ©, laisse alors l’illustration Ă©voquer, en quelques vignettes, lâhistoire-poison qui a tuĂ© la mĂšre. Le visage de lâenfant se prĂ©cise, le dĂ©cor sâĂ©claire lĂ©gĂšrement, Julie devient « capable de tout ». La vie renaĂźt ainsi, dans une identification bienfaisante. Une aide prĂ©cieuse, quand les mots ne peuvent rejoindre lâenfant emprisonnĂ© dans son deuil.