Comté de Manchester, Virginie, dans les années 1850, la plantation d’Henry Townsend, jeune esclave libéré, fils d’Augustus et de Mildred, regroupe une trentaine d’esclaves. Caldonia, l’épouse, Noire née libre, éduquée par la fameuse Fougère, doit diriger la propriété à la mort subite d’Henry ; le contremaître Moïse, les familles hétéroclites et les miliciens corrompus se fuient, s’ignorent et/ou se combattent, avec acharnement… Un monde de moins en moins connu se dessine peu à peu.
Prix Pulitzer 2004, ce premier roman d’Edward P. Jones a pour fondement un fait historique : dans le Sud américain d’avant la guerre de Sécession, certains Noirs libres possèdent des esclaves noirs… Flashes-back et style itératif des différents narrateurs contribuent à mythifier le(ur)s souvenirs. Les personnages foisonnent, les histoires familiales poignantes se succèdent à un rythme entraînant, sur un puissant fond de générosité et de violence. La densité narrative, la qualité de la prose ajoutent à l’intérêt de cet ouvrage une réflexion sur les contraintes de la propriété et sur l’éternelle question : qu’est-ce qu’un homme libre ?