Le rédacteur en chef de la « Pravda des travailleurs », candidat au Comité Central du Parti communiste, dont il est un fidèle obsessionnel, est victime, en 1969, d’un infarctus provoqué par son travail acharné et la circulation clandestine d’un dossier gris, samizdat du marquis de Custine revisité, la Russie en 1839. Il est remplacé par son adjoint, disciple du KGB, et désireux de durcir les règles de fonctionnement.
La description de l’ambiance au journal, de la dactylo au responsable du personnel, des purs adeptes aux dissidents masqués, est le prétexte à une acerbe critique, amère mais humoristique, de la vie quotidienne en URSS et des rapports pesants entre toute hiérarchie et ses subordonnés. Favoritisme, concussion, échange de « bons » procédés, vocabulaire à double sens où ce qui est tu pèse autant que les paroles, rôle impitoyable de la police, méfiance constante, vies parallèles sont autant de caractéristiques d’un système réprouvé. Soljenitsyne est plusieurs fois cité… dans ce long roman sarcastique bien mené, paru en 1979 sous forme de samizdat.