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Journaliste, essayiste, romancier, Claude Sérillon a déjà publié un excellent recueil de nouvelles, Dis-moi je t’aime (N.B. juin 2004). Parfois réapparaissent les mêmes thèmes : la blessure jamais guérie de l’enfant abandonné, l’amour qui n’est pas éternel, la solitude. S’y ajoutent des sujets variés mieux ancrés dans l’actualité, ainsi le suicide plus fréquent mais toujours mystérieux ou un drame de délocalisation industrielle, très habilement exposé dans un échange suivi de lettres entre un vieil ouvrier licencié et les réponses froidement administratives. Un SDF, ingénieur qu’un chagrin a jeté sur le trottoir, a pour seul compagnon un chien plus humain que les passants indifférents. Deux êtres rapprochés par la mondialisation sont finalement séparés par leurs cultures incompatibles.
Chaque nouvelle, en quelques mots révélateurs, expose une situation que le lecteur analyse en témoin distancié puis progressivement, éprouve de la compassion, subtilement guidé par les détails judicieux glissés par l’auteur, observateur lucide, très sensible aux souffrances de toujours, aggravées par notre époque.