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L’héroïne du roman vient d’ouvrir une boucherie et se lance à corps perdu dans son entreprise. Elle aime avoir les mains dans la viande, la couper, la dépecer, la malaxer, l’organiser. Débutant seule avec un jeune apprenti qu’elle forme de main de fer, elle prend par la suite, devant le succès de son entreprise, une employée plus mûre. C’est à l’arrivée de celle-ci que le petit train-train quotidien est chamboulé. La nouvelle venue agit comme révélateur des personnalités de chacun et en particulier de la patronne dont la cécité de coeur envers les êtres vivants n’a très symboliquement d’égale que sa passion pour la chair inerte.
Voilà un roman qui ne laisse rien ignorer de l’art du boucher ! Il met un peu de temps à démarrer, mais on est ensuite saisi par l’histoire et ses personnages, par la montée progressive de la tension psychologique et du drame final que l’on pressent. Catherine Soullard, dont on retrouve le style mordant évoqué dans la critique de Palmito d’Evian (N.B. oct. 2005), écrit dans une belle langue, sèche et percutante.