Treize ans de prison Ă Montevideo dans les geĂŽles de la dictature militaire de 1972 Ă 1985 pour raisons politiques⊠Il y a de quoi anĂ©antir un homme qui perd ainsi ses annĂ©es de jeunesse. Ă travers le rĂ©cit de Carlos Liscano, romancier et dramaturge uruguayen reconnu (La route dâIthaque, NB mai 2005), on voit quâil nâen est rien. La torture, les humiliations, toute lâabsurditĂ© carcĂ©rale nâentament pas sa dignitĂ© malgrĂ© le dĂ©labrement physique. Au contraire, câest au pĂ©nitencier quâil dit sâĂȘtre formĂ©, lisant quantitĂ© de livres, nouant des amitiĂ©s, dĂ©couvrant les mĂ©andres de lâĂąme humaine et la rĂ©flexion, lui, lâenfant pauvre, dont le seul atout Ă©tait lâhumble exemple de ses parents.
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Ce tĂ©moignage effrayant est servi par une Ă©criture simple, dĂ©pouillĂ©e, Ă la limite du banal ; jamais de complaisance, parfois mĂȘme de lâautodĂ©rision ou une ironie distanciĂ©e, on nâen est que plus Ă©mu : aucun commentaire⊠sinon le respect absolu.