Le vieil homme mourant veut, pour sa derniĂšre nuit, organiser un banquet Ă tout casser. Les âfeignassesâ, nom dont il gratifie les deux orphelins jadis adoptĂ©s pour lâaider, se rendent au village pour rameuter la foule. Ils reviennent bredouilles. Le vieux nâa ni famille, ni amis et tous les dĂ©laissĂ©s sollicitĂ©s sont en partance vers dâautres lieux. Il reste les morts. Les feignasses ramĂšnent du cimetiĂšre douze squelettes dâhommes et de femmes. On sâinstalle, fixant un crĂąne par-ci, rattachant un bras par-lĂ . La fĂȘte peut commencer. Le maĂźtre de maison disparaĂźt rĂ©guliĂšrement, rapportant viande et vin. On danse au son dâun vieux gramophone, on procĂšde Ă lâĂ©lection de Miss Squelette. Ă lâaube naissante, le vieillard prĂȘt Ă sâĂ©teindre dĂ©clare aux feignasses qu’il leur lĂšgue, pour lâavoir suivi sans comprendre jusquâau âdernier jour du froidâ, la plus belle part de son hĂ©ritage : « Vous, vous entrez vivants dans la mort. »
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AprĂšs Soleils froids (N.B. nov. 2002), un roman encore bien noir, mĂȘme si les toutes derniĂšres pages, en une sorte dâĂ©pilogue, font briller une lueur dâespoir.