Après Une histoire de la lecture (prix Médicis Essai 1998, NB juin 1998), Alberto Manguel reste dans le même registre en contant celle de la « Bibliothèque ». Comme d’habitude, selon un procédé bien rodé, son érudition insondable sert de support à des réflexions philosophiques un peu ardues mais qu’il sait égayer par des anecdotes pertinentes et toujours inattendues. Il balaie,au cours de seize chapitres indépendants comme autant de facettes d’un kaléidoscope, toutes les bibliothèques existantes : les classiques, Babylone et Alexandrie, les plus anciennes ou les plus récentes comme celles de Florence, du Vatican, du British Museum, celles des banquiers Warburg et Carnegie, les insolites perdues aux confins du Sahel ou de la Chine antique, les personnelles somptueuses ou modestes, mais toujours trop petites, les disparues, les oubliées, les rêvées et même les toutes dernières virtuelles de Google. L’auteur reste, à travers ses écrits, le gardien du plaisir de lire, retranché dans son cabinet de travail à côté de ses trente mille volumes rangés dans un ancien pigeonnier en Touraine. Brillant ouvrage à déguster la nuit.
La Bibliothèque, la nuit
MANGUEL Alberto