Harmonia cælestis (NB février 2002) inscrivait, dans l’histoire de la Hongrie, celle d’une famille illustre et, avant tout, la célébration d’un père passionnément admiré et aimé . Depuis, Peter Esterházy a pu consulter, pour un motif banal, les archives des services secrets communistes. Stupéfaction, effondrement et larmes : les quatre dossiers “Esterházy” réunissant des rapports détaillés commentés par des supérieurs de la police secrète sont emplis de la belle écriture du père admirable. Tout est désormais à revoir et corriger. Le fils passera trois années à recopier ces textes médiocres et infamants, les entrelaçant de commentaires sur le vif, en rajoutant d’autres, y retrouvant malgré tout le père qu’il continue d’aimer. Encore une fois, c’est l’histoire familiale qui rejoint l’Histoire, par la porte de la trahison et de la lâcheté. Le résultat de cette catharsis, aussi vitale qu’ambitieuse, est déconcertant. Parenthèses, crochets, soufflets, encre noire ou rouge, initiales compliquent une lecture qui accumule volontairement les détails répétitifs. Aucun fait marquant, aucune analyse globale, mais la confrontation incessante de la douleur et de la honte avec un passé irrémédiablement revisité par un fils et un écrivain.
Revu et corrigé.
ESTERHÁZY Péter